Europe : les Français en quête d'Union. Etat de l'opinion à un an des élections européennes

A un an des élections européennes, le compte-à-rebours est lancé. Quelles représentations et perceptions dominent chez les Français lorsqu’on les interroge sur l’Union européenne ? La nouvelle étude du think tank Destin Commun, « Europe : les Français en quête d’Union. Etat de l’opinion à un an des élections européennes », offre une photographie détaillée de l’opinion et des visions des Français sur l’Europe, à partir d’une méthodologie fondée sur les systèmes de valeurs. Le constat est sans appel : à un an des élections, une large majorité de Français reste à convaincre. Mais loin du traditionnel clivage entre pro- et anti-européens, cette étude permet d’identifier quatre groupes en fonction de leur rapport à l’UE : les Europhiles, les Eurocritiques, les Europhobes et les Euro-indifférents.

Bureaucratie, déconnexion, corruption : les trois défauts de l’Europe

  • 7 Français sur 10 (71%) considèrent que « l’UE est bureaucratique, elle crée trop de contraintes ».
  • 6 Français sur 10 (60%) déclarent ne pas voir ce que l’UE leur apporte concrètement dans leur vie.
  • 57% des Français considèrent que « l’UE est trop corrompue ».

"Notre analyse montre une très forte corrélation entre la perception de corruption et le sentiment que l’UE n’apporte rien de concret dans la vie des citoyens. On entend ici les accents de la rhétorique populiste : si je ne vois pas ce que m’apporte cette institution qui ne parle qu’en milliards, c’est bien que certains doivent se servir. Cette correspondance est parfaite dans le groupe de valeurs des Identitaires, très marqués par le sentiment de manipulation et de mensonge, qu’il s’agisse du personnel politique français ou européen."

Laurence de Nervaux, directrice de Destin Commun et co-autrice de l’étude.

Ce ne sont aujourd’hui que 53% des Français qui considèrent que « l’UE est une organisation démocratique », contre 32% qui pensent le contraire et 14% sans opinion sur ce sujet. Cette vision est certes encore majoritaire, mais l’ambivalence des Français sur le sujet interroge, alors que les élections qui se tiendront dans un an constituent un temps fort démocratique à l’échelle européenne.

La réponse à la guerre en Ukraine conforte les Européens convaincus

Au-delà de ces critiques, l’invasion par la Russie de l’Ukraine a réactivé chez certains Français des réactions pro-européennes : 

  • Près de 6 Français sur 10 (57%) se sentent rassurés que la France fasse partie de l’UE, face aux tensions internationales actuelles.
  • 1 Français sur 2 (52%) déclare que le soutien apporté à l’Ukraine l’a rendu fier d’être européen.  

"La guerre en Ukraine a joué comme un amplificateur de tendances, creusant l’écart entre les Français sur leur rapport à l’Europe : c’est chez les Europhiles que la protection garantie par l’UE et la fierté face au soutien apporté à l’Ukraine sont le plus ressenties."

Laurence de Nervaux, directrice de Destin Commun et co-autrice de l'étude

Green Deal : vers un nouveau projet européen ?

L’enjeu climatique cristallise également les attentes des Français, mais aussi les critiques : ils positionnent l’UE à la 3eplace des acteurs qui devrait en faire plus en matière environnementale, après le gouvernement et les grandes entreprises. Seulement un tiers des Français (34%) estiment que l’UE apporte des réponses adaptées en matière de protection de l’environnement et de lutte contre le changement climatique, contre 50% qui disent que cela n’est pas le cas.

"Ces dernières années, l’UE a donné la preuve qu’elle pouvait être le cadre d’intervention adéquat face aux grands enjeux auxquels nos sociétés font face, que ce soit le Covid-19, la guerre en Ukraine et bien sûr la crise climatique. Faire du Green Deal européen un projet non seulement climatique mais aussi social et démocratique est un des enjeux clés de la revitalisation du sentiment européen à l’occasion des élections de 2024."

Laurence de Nervaux, directrice de Destin Commun et co-autrice de l'étude

Quatre France face à l’Europe

Cette étude permet de distinguer quatre groupes distincts dans la société française, au-delà du traditionnel clivage entre pro et anti-Européens :

  • Les Europhiles (21%), jugeant positivement l’action de l’UE et peu critiques quant à son caractère démocratique, ont été renforcés dans leur fierté d’être Européens par la guerre en Ukraine.
  • Les Eurocritiques (23%), foncièrement attachés à l’appartenance à l’Union européenne mais très exigeants à son égard, sont sceptiques quant à son caractère démocratique, sensibles aux risques de corruption, et interrogent sa capacité à produire de réels changements dans la vie des citoyens.
  • Les Europhobes (41%) expriment une défiance profonde à l’égard des institutions européennes et de leur personnel politique, qu’ils jugent corrompu, bureaucratique et déconnecté. Si la sortie de la France l’UE ne leur apparait plus vraiment comme une option après le chaos du Brexit, ils rendent néanmoins l’Union européenne responsable de la plupart des maux dont souffre notre pays.
  • Les Euro-indifférents (15%) ne ressentent pas les effets de l’appartenance à l’UE dans leur vie, mais ne s’en préoccupent que très peu. 

Une analyse clé à l’heure des tractations partisanes sur les stratégies électorales. Elle révèle notamment, à gauche, l’hétérogénéité de la culture européenne des différents électorats composant aujourd’hui la NUPES, tandis que les Europhiles constituent le socle de l’électorat d’Emmanuel Macron, qui a largement absorbé la droite européenne.